Nous découvrons ces derniers temps, de manière quasi officielle, une série impressionnante de scandales politiques qui éclaboussent les membres les plus éminents des pouvoirs publics. Notre sidération tient plus à la matérialité des faits qui nous est révélée avec précision, qu'à leur existence entrevue, suggérée, soupçonnée depuis plusieurs années voire plusieurs dizaines d'années. Nous savons que cette dérive des mœurs des gens de pouvoir gangrène le système dans toutes les couches du millefeuille de l'organisation politique de notre pays.
Ce phénomène est très pernicieux car il décrédibilise par amalgame abusif l'ensemble de la classe politique et fragilise la démocratie. Nous sommes tous là pour le constater et le déplorer.
Mais à y bien regarder, nous ne sommes pas tout à fait étrangers à ce développement. Notre complicité passive vient de notre acceptation des faits.
Il est loin le temps où un ministre englué, même indirectement, dans une affaire scabreuse s'empressait de démissionner, où un homme politique impliqué dans un scandale se suicidait. La honte a disparu, le discrédit s'est évanoui. La complaisance du public a pris la place de l'indignation des citoyens.
Il est temps de reprendre notre place dans le jeu de la démocratie, si nous voulons la restaurer.
Accepter en silence des irrégularités connues revient à les valider voire à les encourager.
Nous vivons chez nous, à Vézénobres, un cas illustratif en temps réel. Un élu (et pas n'importe lequel) a obtenu un mandat par tricherie avérée ; son forfait découvert n'est pas sanctionné par le maire également premier magistrat de la commune ; il est au contraire encouragé et se voit offrir des responsabilités supplémentaires ; il les met à profit pour développer une activité privée de conseil en urbanisme au détriment des intérêts communaux et intercommunaux.
Nous sommes en possession des preuves qui établissent la tricherie.
Ne pas dévoiler publiquement ces turpitudes constitue un manquement éthique à notre action. Nous voulons que les habitants soient conscients des dangers de la réforme de l'intercommunalité, mais nous hésitons à leur informer des manœuvres entreprises par certains élus pour les déposséder d'une partie du patrimoine intercommunal.
Avant les calculs politiques, au-delà des considérations partisanes, le ciment qui unit les membres d'une communauté et qui leur permet de faire société, c'est l'adhésion à des valeurs communes. La conduite personnelle qui permet à chacun de respecter dans sa vie quotidienne ces valeurs c'est l'éthique.
Où est notre éthique dans ce silence ?
L'omerta profite toujours à la canaille, c'est l'oxygène des comportements mafieux. Voulons nous que Vézénobres s'aligne sur le parallèle de Palerme ou de Naples ?
Nos enfants nous accuserons.
Pour ma part, je prendrai mes responsabilités.